vendredi 26 septembre 2014

Tokyo - Mo HAYDER

Titre: Tokyo
Titre original: Tokyo (anglais UK)
Auteur: Mo Hayder
Édition: France Loisirs
Date de parution: 2004 / 2007 VF
Nombre de pages: 539
Genre: thriller / historique
Décor: Tokyo - Japon (90's) / Nankin - Chine (1937)

Lu en: août 2014

10+/10

Quatrième de couverture: Obsédée par un passé tumultueux, elle a quitté son Angleterre natale dans le seul but de retrouver une vidéo jamais diffusée datant de l'invasion de la Chine par les Japonais en 1937. Ces images, dont l'existence est loin d'être certifiée, seraient l'unique témoignage des atrocités commises par les Japonais à Nankin – dramatique épisode de l'histoire de la Chine passé sous silence jusqu'à aujourd'hui. Seul un homme pourrait aider Grey. Un survivant du massacre, aujourd'hui professeur à l'université de Todai. Mais ce dernier, méfiant, refuse de répondre aux questions de la jeune femme. Perdue dans une ville étrangère où elle ne connaît personne, Grey accepte un emploi d'hôtesse dans un club de luxe fréquenté par une clientèle d'hommes d'affaires et de sombres mafiosi. Parmi eux, un vieillard en fauteuil roulant entouré de personnages terrifiants, et qui doit, paraît-il, sa longévité à un mystérieux élixir. Un élixir qui suscite bien des convoitises...

Mon avis: J’ai choisi ce livre grâce au résumé de France Loisirs qui m’avait beaucoup attiré, ainsi que par la recommandation qu’en faisait un auteur. Le résumé dépeignait un décor sombre et un peu tordu dans la mégapole de Tokyo où une histoire palpitante et pleine de frissons allait prendre place. J’adore Tokyo, j’aime les thrillers un peu sombres et crus, je n’ai donc pas hésité. Quelle surprise quand j’ai eu le livre entre les mains et que j’ai lu la quatrième de couverture officielle que je n’avais encore jamais lu jusque-là ! Le résumé parlait du massacre de Nankin en 1937 et des horreurs perpétrées par les Japonais en Chine à cette époque, me donnant l’impression que je me trouvais plus devant un livre un peu historique qui d’un thriller à couper le souffle. Pendant un instant, je me suis même demandé si j’avais le bon livre entre les mains et quand j’ai vu que c’était bel et bien celui que je voulais, je ne savais vraiment plus quoi penser…

J’ai commencé la lecture en étant très dubitative et il se trouve que la surprise a été de taille, parce qu’après quelques pages à peine, je me suis rendu compte que je me retrouvais bel et bien en face du thriller que je voulais lire en mêlant par bribes le passé de Nankin décrit dans la quatrième de couverture. Deux pays et leur histoire, deux personnages et leurs passés respectifs menés à se côtoyer un peu par hasard et à marcher les deux vers le même but. Bien que le livre me semblait assez imposant, j’en ai lu chaque page avec grand plaisir et il a très vite été dévoré ! J’ai adoré la combinaison des deux narrateurs, leurs façons d’être, leurs mondes, tout est différent ! Même l’époque à laquelle ils « existent » est différente, puisque la jeune Grey nous raconte son histoire au moment présent (années 90) alors que Shi Chongming revit ses mémoires, écrits pendant le massacre de Nankin en 1937. A première vue, il paraît difficile de faire cohabiter ces deux narrateurs et ces deux genres bien différents dans un même ouvrage, pourtant, grâce à la présence de quelques éléments bien trouvés pour faire le lien, l’alternance entre les histoires des deux personnages est très agréable et trouve une certaine logique. Ces deux histoires, qui sont des histoires à part entière, arrivent parfaitement s’imbriquer l’une dans l’autre et au final, j’ai autant apprécié le côté historique que le côté thriller de ce roman.

En ce qui concerne justement le côté historique, je dois avouer ici mon ignorance sur ce qui s’est passé à Nankin (qui est également l’un des sujets principaux du livre d’ailleurs). J’ai découvert l’horreur des massacres, des viols et autant de scènes inhumaines que l’armée japonaise a perpétrés en 1937. Même si les chiffres ne sont pas connus exactement, je suis abasourdie qu’on ne m’ait jamais même mentionné ces événements (qui expliquent en partie la position du Japon pendant la deuxième guerre mondiale, et je sais qu’on a abordé le cas du Japon en classes d’histoire, notamment avec Pearl Harbour et les bombes sur Nagasaki et Hiroshima… Alors pourquoi ne pas parler des attaques japonaises en Chine ?) Je me suis même surprise à faire des recherches à mi-lecture sur le sujet pour savoir jusqu’où la fiction dépassait la réalité, et à mon plus grand effroi, je me suis rendue compte que tout ce qui a été décrit dans les mémoires de 1937 s’est réellement produit ! J’en ai eu froid dans le dos et la fin de ma lecture a donc été vraiment poignante, considérée comme un témoignage possible vécu par un personnage qui aurait très bien pu exister !

Vous penserez peut-être que c’est très joli de se passionner pour une période de l’histoire de la sorte, mais que le côté thriller est totalement laissé de côté ? Et pourtant, pas du tout ! L’autre gros pan d’histoire qui concerne justement le côté thriller du livre est lui aussi passionnant, avec un personnage principal, Grey, au passé mouvementé, qu’on verra évoluer au fil des pages et qu’on suivra avec grand intérêt tout au long de son récit. C’est un personnage plutôt hors du commun, qui sera qualifiée souvent de « phénomène » mais on s’y attache vite, parce qu’on remarque très vite que sa vraie nature va plus loin que ce qu’elle laisse paraître.

En bref, j’ai tout simplement adoré ce livre ! J’ai aimé découvrir ce pan horrible de l’histoire sino-japonaise et j’ai aussi adoré pouvoir arpenter (comme en vrai) les rues de Tokyo. Même si se sont surtout les quartiers « louches » de Tokyo dont on parle le plus, des éléments plus généraux de la vie quotidienne sont insérés au fil des pages, et je les ai beaucoup appréciés. L’histoire est très bien ficelée, et même la fin, que j’appréhendais un peu, car je voyais se dessiner d’une façon qui ne me plaisait pas trop m’a finalement beaucoup plu, juste grâce à un tout petit élément qui a réussi à complètement changé l’idée que je me faisais de la fin que j’imaginais. Du grand art ! Je recommande à tous les amateurs de thrillers ainsi qu’aux férus d’histoire et à tous les amateurs du Japon. Je tiens à préciser que la cruauté de certaines scènes demande un cœur bien accroché et que la présence de nombreux mots en japonais parfois inconnus (souvent même selon le niveau de « Japanophilie ») peut en rebuter quelques-uns.

Lecture pour: tous les amateurs de thrillers et du Japon et ceux qui aiment découvrir des scènes bien sombres de notre histoire. Il faut avoir le cœur assez bien accroché!

Je recommande vivement: coup de cœur! 
 
 
   

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